L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

23.10.16

"Pourquoi tu fais pas de l'art pour les garçons ?"

Comme un curseur qui ne saurait pas très bien se placer entre une volonté d’affirmation personnelle et un sentiment d’insécurité, le pseudonyme de l’artiste canadienne « Ambivalently Yours » a été choisi parce qu’il indique la possibilité d’un entre-deux. Une zone en demi-teinte où l’on peut s’assumer à la fois fragile et en colère parce que c’est bien correct et qu’il n’y a pas vraiment de raison que l’on soit forcé.e de choisir. C’est cette zone d’ambivalences qu’elle explore avec ses dessins, notamment publiés sur un tumblr où le rose est omniprésent.
Ayant très vite rencontré un certain succès en ligne, Ambivalently Yours a depuis développé sa pratique sous diverses formes. Entre autres un documentaire, Drawn Together, dans lequel l’artiste poursuit sa réflexion en dialogue avec d’autres artistes et militant.e.s, abordant de nombreuses questions touchant à la féminité, au féminisme, aux réseaux url et irl, à la sensibilité, etc. Forcément, en tant que rédactrice de Tea - un projet rose né d’une rencontre sur internet - ça m’a interpellée. Quelques semaines après le vernissage du film, j’ai donc retrouvé Ambivalently Yours pour une interview, en plein milieu du montage de la galerie éphémère *Camp Gallery* qu’elle a co-organisé cet été à Montréal.

INTERVIEW
AMBIVALENTLY YOURS


Anne-Valérie TEA : Dans ton film, ça m'a marquée quand un.e des intervenant.e.s affirme que dans la "vraie" vie, on n'est pas supposé.e.s être aussi ouvert.e.s et transparent.e.s sur nos sentiments que cela peut être fait sur internet. Pourtant, dans ta pratique, tu exposes clairement ta sensibilité. Est-ce que cela a eu des conséquences dans ta vie personnelle ?
Ambivalently Yours : C’est sûr que les choses que je partage en ligne et celles que je partage "dans la vraie vie" sont différentes. Souvent, ce que je publie en ligne va être plus personnel mais en même temps c'est anonyme, donc ça reste vague d'une certaine manière. En même temps, on dirait que cet anonymat me donne plus de courage. Je pense aussi que le fait de prendre le temps de réfléchir avant de décrire un sentiment par écrit ou par dessin avant de le mettre en ligne, ça m'aide à mieux comprendre mon comportement, celui des autres, ma relation avec les gens. Et ça, ça a des conséquences sur mon quotidien. Donc je dirais que c'est un processus complémentaire. 
... alors que dans le quotidien on a moins ce temps de réfléchir, de prendre de la distance.
Oui. C'est séparé d'une façon un peu conceptuelle chez moi puisque mon travail sur internet c'est comme un personnage. Donc je vais réfléchir avant de poster, habituellement (haha). 
Est-ce que ça a une influence aussi sur tes relations virtuelles ? Je veux dire, dans ton documentaire, tu abordes aussi beaucoup la question des relations "proches" que l'on peut avoir grâce à internet malgré la distance géographique. On dirait qu'il se passe quelque chose au niveau de la communication dans ce cas là. 
C'est sûr qu'internet va faciliter des amitiés qui n'auraient jamais existé sinon. Il y a des gens que je n'aurais juste jamais rencontré, même des gens qui habitent dans la même ville. C'est une manière de connecter à cause d'une affinité et d'un intérêt commun - par exemple pour tout ce qui est fem, rose, doux, les émotions, etc. C'est différent de la rencontre "en vrai" où on est d'abord poli, où on se demande d'où on vient et ce qu'on fait. En ligne on dirait qu'on peut passer à travers tout cela et entrer directement dans l'amitié d'une façon plus intime. On voit ça avec les fandoms aussi, plein de gens qui se réunissent parce qu'illes aiment quelque chose en commun. Je me souviens qu'avec mes meilleures amies, on s'est rapprochées parce qu'on a commencé à parler d'un groupe qu'on aimait ou d'une émission. Ces petites choses là facilitent les affinités entre les personnes.

20.10.16

Salon de thé #5 : faux freelances, temps qui passe, France Culture

La Mer du Nord (-M)

Chaque quinzaine, TEA vous propose d'aller au Salon de thé, où l'on discute une petite sélection de liens qui nous ont intéressées dernièrement, ce qu'on a aimé ou encore ce qu'on a redécouvert. C'est totalement non exhaustif et arbitraire, et c'est ça qu'on aime. Bisous.

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"Devenez votre propre patron" et autres conneries
Ces derniers temps, je cogite énormément à propos de ma situation professionnelle et surtout de mon statut. Voyez-vous, je suis journaliste indépendante, ou freelance, ou auto-entrepreneuse, choisissez votre terme préféré. En gros, je suis ma propre entreprise et je fais des factures au journal pour lequel je travaille. C'est moi qui paye mes cotisations sociales, fais ma comptabilité, etc. En tant que chef d'entreprise, je n'ai pas droit aux congés payés, si je suis trop malade pour aller travailler, je ne gagne rien, si du jour au lendemain, le journal ne veut plus de moi, je ne pourrai pas toucher le chômage. Ce ne sont que des exemples des acquis sociaux auxquels je n'ai pas droit. Pourtant, je travaille tous les jours pour la même entreprise, j'ai des sortes d'obligations envers elle comme n'importe quel salarié en a. Mais je n'ai pas le statut, et donc les droits, d'une salariée. Et mon cas est loin d'être unique évidemment, la plupart de mes jeunes amis journalistes sont aussi ce qu'on appelle en Belgique de "faux indépendants", qui travaillent pour la même boîte. On nous explique que c'est comme ça au début, que ça coûte trop cher de nous salarier, que le monde des médias est en crise, qu'on devrait déjà être contents d'avoir du boulot et de vivre d'une activité aussi bouchée, que si on n'est pas content, on peut partir, ça se bouscule derrière pour prendre notre place. 
Et loin de moi l'idée de m'apitoyer, j'aime faire partie d'une rédaction, avoir de chouettes collègues, apprendre chaque jour une foule de choses en reportage, rencontrer des gens sur le terrain, faire le métier dont j'ai toujours rêvé et, effectivement, gagner assez pour subvenir à mes besoins sans l'aide de personne. Reste que je ressens un sentiment profond d'injustice, pour toute cette jeunesse corvéable à merci, qui n'ose pas l'ouvrir de peur de perdre son "poste", qui, sous prétexte de crise, doit accepter des conditions inacceptables, un statut ultra précaire, un avenir plus qu'incertain. Tandis que les patrons sont assis tranquillement dans le fauteuil de leur beau bureau vitré, au sixième étage. On vire de vieux salariés car ils coûtent trop chers, on les met en retraite anticipée, et on les remplace par de jeunes faux indépendants, qui ne sont pas payés à la hauteur de leur travail et de leur qualification. Pas assez d'argent pour embaucher... J'imagine que je ne vous apprend pas grand chose. Si tous les journalistes faux indépendants décidaient de ne pas se pointer un jour au boulot, les journaux du lendemain seraient réduits à peau de chagrin, en Belgique francophone tout du moins. J'ignore la situation de l'autre côté de la frontière linguistique et de l'autre côté des frontières tout court. Je sais aussi que j'ai ma part de responsabilité : j'ai accepté ce deal, je ne fais rien pour tenter de changer les choses. Je n'en ai pas le courage. Pourtant, la loi belge condamne le recours à de faux indépendants, qu'elle qualifie de "fraude sociale qui porte gravement préjudice à la solidarité sur laquelle repose tout le système de la sécurité sociale belge". 
Et depuis que je pense de plus en plus à ce statut bâtard, je me rends encore plus compte de l'omniprésence de ces messages à la con, qu'on nous assène à longueur d'émissions politiques et économiques. "Devenez votre propre patron", "créez vous-même votre emploi"... La dernière fois, je fumais tranquillement au pied d'un immeuble de verre quand mes yeux se sont arrêtés sur l'affichette en face de moi. On y voyait un jeune homme tout sourire, avec des lunettes branchées, une petite chemise, et la mention : "Je suis mon boss ! - suivez nos ateliers d'aide à la création d'une activité indépendante". J'ai pensé à la tête du gars quand il recevrait la note de paiement de ses cotisations sociales. J'étais dégoutée. Mais il y a de l'hypocrisie partout. L'association des journalistes professionnels de Belgique, par exemple, clame haut et fort vouloir lutter contre les faux indépendants et appelle les grandes entreprises médiatiques à requalifier leurs indépendants en salariés. Dans le même temps, elle accorde en fermant les yeux des cartes de presse à des journalistes, comme moi, alors qu'ils voient très bien, dans nos pièces justificatives, que nous n'avons qu'un seul "client". Moi-même, j'ai pu encourager ce genre de pratiques à plusieurs reprises. Quand j'utilisais UberPop, à l'époque où cela existait encore à Bruxelles par exemple, parce que ça me coûtait moins cher qu'un taxi pour rentrer ivre chez moi.
On nous fait croire que tous les jeunes rêvent d'être freelances, de devenir leur propre patron. Mais une enquête internationale de Manpower parue plus tôt cette année indiquait que le rêve de 87 % des jeunes de la génération Y (j'ai honte d'écrire cette expression) était d'avoir la sécurité de l'emploi. Si on va dans des carrières de freelance, c'est surtout par défaut, parce qu'on ne pense pas pouvoir trouver mieux. C'est d'autant plus vrai dans les milieux populaires, chez les personnes qui n'ont pas de grands diplômes ou n'ont pas le "bon profil", parce qu'issues de l'immigration, ayant fait de la prison, etc. Ce qui m'amène à cet article sur Slate, publié en août, sur l'étude d'une ethnologue française, Fanny Parise, à propos des chauffeurs Uber de Paris et de sa banlieue. S'il n'y a pas forcément de grandes surprises dans ses observations et conclusions, cela vaut quand même la lecture. Il est notamment intéressant de remarquer qu'Uber, comme d'autres, participe à ce que l'auteure appelle "le paradoxe du capitalisme banlieusard". "En voulant s'émanciper de leur carcan socio-culturel, ils (les chauffeurs Uber) se retrouvent propulsés au sein d’une nouvelle logique sociale où les différences de classe sont (encore) plus marquées. Ils perdent les bénéfices sociaux de la banlieue : entre soi, consommation collaborative et gestion de la solidarité à l’échelle de proximité, au profit d’une mixité sociale qui leur renvoie brutalement leur impossibilité de s’élever socialement". Aujourd'hui, le premier secteur de création d'entreprise dans la banlieue parisienne, ce sont les VTC.
En faisant des recherches pour cet article déjà trop long, je suis tombée sur cette initiative ultra intéressante dont je n'avais pas eu écho, et dont traite l'Obs. Un collectif de coursiers à vélo s'est créé sur Paris pour demander enfin une requalification de ces faux indépendants et pourquoi pas plutôt s'organiser en coopérative. Son créateur parle de lutter contre "cette ubérisation qui nous ramène à Germinal". En tant que grande lectrice d'Emile Zola, je ne peux qu'apprécier. -

11.10.16

Thé dansant #5 : été, mecs sensibles, nostalgie


Photo : Marie (dans les Balkans)
TEA vous propose tous les quinze jours ses thés dansants, une petite sélection de ce qu'on a aimé écouter dernièrement, ce qu'on a vu en concert ou encore ce qu'on a redécouvert. C'est totalement non exhaustif et arbitraire, et c'est ça qu'on aime. Bisous.
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Selon les saisons, j'ai des obsessions qui reviennent chaque année. L'hiver est propice au revisionnage pour la énième fois de Twin Peaks. À l'automne (nous n'y sommes pas encore), je redécouvre le catalogue de Factory Records. L'été, souvent, j'écoute des chansons un peu tristes mais pas trop (comme dans cette playlist justement, postée il y a deux mois). Donc chaque été, depuis trois ou quatre ans, je me replonge corps et âme dans mon mec sensible préféré de la chanson française, Etienne Daho. Dans ses morceaux des années 80 principalement, et ses trois premiers albums : Mythomane (1981), La Notte la Notte (1984) et Pop Satori (1986). Chaque été, je me prends de passion pour un morceau différent. En 2016, c'était donc "Le Grand Sommeil" (l'année dernière j'étais plus attirée par "Epaule Tatoo" et son clip fabuleux). Et je garde mon amour constant pour l'"Eté", mais pour des raisons de droits, l'unique chanson que j'avais trouvée en ligne a été retirée et je ne puis vous la proposer, ô rage. L'occasion de reposter aussi ce petit guide "Etienne Daho pour les nuls", timide tentative de rétrospective que j'avais essayé de faire en amont de son concert (forcément bien) à Bruxelles en 2014. Ah, Etienne. - M



J'ai connu un gars, il sait pointer exactement ce qui fait qu'il aime un morceau. C'est trop cool comme habilité je trouve. Le voir presser ses bras contre sa poitrine, serrer les poings, fermer les yeux et crisper le visage qui sourit encore, les dents, serrer, pis tout lâcher d'un coup, les membres, les muscles et la voix en écho. C'est beau ce moment. C'est comme voir dans sa tête et dans son ventre pis comprendre. Comme un petit rituel de transmission. Je trouve ça nice de partager ce genre de petit suspens, la montée graduelle jusqu'à "c'est là, là!". Maintenant, je ne peux plus écouter l'arrivée de ce refrain indifféremment. Il m'aura légué ça. - AV

15.7.16

PLAYLIST : Sous le soleil déprimant

L'été est censé être la plus belle saison de l'année. Les jours sont plus longs, il y a davantage de lumière, les températures sont plus clémentes, les villes se vident, le temps semble ralentir, les gens sont plus beaux. L'été devrait donc être une saison où l'on va mieux. Mais en vrai, l'été m'a surtout déprimée, ou en tout cas rendue plus mélancolique qu'à l'habitude. Pourtant, la plupart de mes étés sont beaux, mais toujours, je les traverse avec un certain spleen. En rêvant des dunes de la mer du Nord ou des montagnes de Slovénie, alors que je suis enfermée dans un open space climatisé. En observant d'un air consterné mon paquet de cigarettes vide, à la terrasse d'un café, à écouter le récit de mes amis qui rentrent de voyage. En rêvassant au lit, toute habillée, avec pour seule compagnie mon chat et le bruit du camion de glaces qui passe dans la rue. La mélancolie estivale a l'avantage d'être très cinématographique. Et comme j'imagine ne pas être la seule à penser ainsi, je partage ici la bande originale de ce film un peu triste mais pas trop. 
Sous le soleil déprimant
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"La Nuit N'en Finit Plus" - Petula Clark
"Greasy Rider" - Trance Farmers
"Words" - Low
"I'm Waiting Here" - David Lynch & Lykke Li
"Camino Del Sol" - Antena
"Land Of My Dreams" - Anna Domino
"Coming Down The Hill" - El Perro Del Mar
"Gila" - Beach House
"Ten New Lives" - Molly Nilsson
"Je Pleure Tout Le Temps" - Flavien Berger x Véronique Vincent & Aksak Maboul
"Un Été Dans Le Vent" - Ginger Ale

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27.6.16

Salon de thé #4 : Drag queens, café, Islande

Chaque quinzaine, TEA sélectionne ses sachets pour le Salon de thé, où l'on discute une petite sélection de liens qui nous ont intéressées dernièrement, ce qu'on a aimé ou encore ce qu'on a redécouvert. C'est totalement non exhaustif et arbitraire, et c'est ça qu'on aime. Bisous.

Illustration : Anne-Val
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Paysages islandais magnifiques et slow TV
Sigur Rós viennent de faire quelque chose d'absolument génial. Du lundi 20 au mardi 21 juin, pour le solstice d'été, le groupe islandais a décidé de faire un tour de 24 heures sur la route circulaire, qui fait, comme son nom le laisse deviner, le tour de leur si belle île. Une caméra a été installée sur leur véhicule, et pendant les 24 heures du jour le plus long de l'année, on pouvait suivre en temps réel, en streaming sur Youtube ou sur la télévision nationale, le voyage du groupe à travers les paysages grandioses d'Islande. En guise de fond sonore, une musique générée elle aussi en temps réel avec un programme de musique, des extraits de morceaux jamais sortis, et le morceau "óveður" (dont le clip a été diffusé en avant première à l'issue de ces 24 heures), ce qui donne un résultat très ambiant et apaisant. L'expérience, appelée "Sigur Rós Route One", était totalement hypnotisante. Maintenant, on a tous envie d'aller en Islande. J'espère que l'office du tourisme leur a remboursé l'essence, parce que là, Sigur Rós a fait un sacré boulot pour le rayonnement du pays. Il est prévu qu'une vidéo retrace l'entièreté de ces1332 km. On a hâte et bien sûr on vous tiendra au courant. En attendant, on peut voir quelques photos du périple sur le site du groupe et sur facebook, et quelqu'un a fait un time lapse d'un bout de trajet, mais c'est dix mille fois moins enchanteur qu'en réalité et surtout, ne correspond pas à l'idée du groupe avec le projet, à savoir, prendre le temps.

Parce qu'en fait, Sigur Rós ont fait ce qu'on appelle de la slow television. Quelque chose que je viens seulement de découvrir pour l'occasion. Il s'agit de diffuser en temps réel et dans toute sa longueur un événement somme toute plutôt banal, voire même un non-événement. L'idée est de prendre le temps, et donc le contrepied de presque tout ce qu'il se fait aujourd'hui, à la télévision ou sur internet. D'ailleurs, le chanteur Jónsi l'a ainsi formulé dans son explication sur le projet "Route One" : "A une époque de satisfaction instantanée et où tout bouge si vite, nous avons voulu faire l'exact opposé. La slow TV est l'opposé du monde dans lequel on vit, cela se passe en temps réel, et très longtemps." Ce genre a été popularisé à la fin des années 2000 grâce à la télévision norvégienne, qui a commencé par proposer un programme de sept heures d'un train de la ligne Bergen-Oslo, en temps réel. Cela a tellement marché qu'au final, 20% de la population norvégienne avait regardé le programme à un moment donné. La télévision nationale a donc refait cette expérience, avec beaucoup d'autres voyages en train, ou en bateau. 

Bref, tout ceci est fascinant et promet de belles journées et soirées à regarder de sublimes paysages sur un vidéo projecteur, à défaut d'avoir le temps ou l'argent pour voyager en vrai. - M

Concours de drag queens à Montréal
Dans le cadre du festival Fringe à Montréal, j'ai eu la chance d'assister à une authentique Drag Race. Sur le même principe que dans la série américaine de RuPaul (RuPaul's Drag Race) - mais en mieux dixit Mado, qui animait le show - la "course de Drag" était organisée par le cabaret Mado, une institution mythique du Village montréalais. En gros, il s'agit d'un concours de drag queen dans lequel on évalue les aptitudes nécessaires de la reine comme le maquillage, le catwalk, les cocktails et l'ultime lip synch! Dans cette épreuve finale, les drags doivent mimer passionnellement une chanson de diva et étaler tout leur talent en danse, mimiques et théâtralité lascive ou comique. Dans le cadre bucolique d'un petit parc, au soleil, en milieu d'après-midi, assister à la Drag Race était sans conteste l'activité parfaite pour un samedi, dans une ambiance bon enfant et même avec des enfants (dans le public). C'était à la fois captivant et vraiment drôle (un aperçu du truc, ). On a même pu assister à une performance d'un groupe de drag kings (l'inverse des drag queen) : les Backstreet Backs.
Au final, on donne raison à Mado : c'était mieux en vrai qu'à la télé. Je vous encourage tout de même à (re)découvrir RuPaul's Drag Race, la série. Comme on peut s'y attendre, l'émission regorge de punchlines cinglantes et de moments épiques - en même temps, ce qui fait sa différence c'est qu'elle laisse aussi la place à des récits touchant sur le parcours des concurrentes. Sans virer dans le pathos, c'est une téléréalité qui comporte à mon sens un bel esprit d'empowerment et encourage les candidates à exprimer leur personnalité et à se soutenir, quand bien même elles briguent toutes le même podium. La preuve dans les termes de Ru Paul qui clôt chaque épisode avec cette phrase : "If you don't love yourself, how the hell are you gonna love somebody else?"- AV