L E O F A N Z I N E O Q U I O M E T O L A O C U L T U R E O E N O S A C H E T S

19.11.12

"Quand on va rentrer chez nous, on va redevenir super pauvres"


INTERVIEW HOLOGRAMS
Je sais pas trop comment ça se fait, mais samedi il y avait Holograms qui jouaient dans une sorte de MJC en Flandre. Une salle plutôt chouette mais dans un endroit vraiment déprimant. On a quand même fait le déplacement parce que bon, Holograms ont fait un des meilleurs albums de cette année. Le concert était vraiment cool, ils jouaient super faux. J'ai retrouvé les quatre Suédois juste après. Malgré leurs allures de hooligans, ils sont très gentils. Ils m'ont parlé de comment c'est trop la merde en Suède quand t'as pas d'argent. Les pauvres garçons galèrent tellement qu'on lancerait presque un appel à donation pour eux. À vot' bon coeur. 



TEA : Il y a ce cliché inhérent à la musique scandinave, où tous les groupes font de l'indie folk rock où tout est gentil et mignon. Et c'est chouette parce que vous brisez complètement cette idée fausse que l'on se fait de la scène musicale de Stockholm. 
Anton Spetze (guitare / chant ) : Vas-y, donne des exemples. 
Andreas Lagerström (basse / chant) : C'est assez vrai en même temps. 
TEA : Je sais pas, genre Jens Lekman ou des conneries du genre. 
Andreas : Ouais il est nul. 
Anton Sp : C'est un cliché, c'est ce qui s'exporte à l'étranger. Mais je pense pas qu'il y ait beaucoup de groupes comme nous en Suède non plus. 

TEA : On a aussi le cliché que tout est parfait en Suède. Les hommes et les femmes sont égaux, les gens portent des fringues de designers, et tout le monde habite dans des maisons super belles avec des meubles Ikea. Le paradis quoi. 
Anton Strandberg (batterie) : Oh c'est vrai pour les fringues de designers. C'est plutôt vrai. 
Anton Sp : Ça sonne comme une société plutôt cool.
TEA : Ouais, mais en vrai, c'est des conneries, la Suède n'est pas un paradis, y a des problèmes aussi...
Andreas : Certaines choses sont vraies. 
Anton Sp : C'est surtout vrai à Stockholm et dans les grandes villes. Mais c'est pareil dans les autres pays. 
Andreas : Mais Stockholm est une toute petite ville, vraiment. 
Filip Spetze (synthé) : Ouais, pas aussi petite que celle-ci. 
TEA : Normal, vous jouez dans le trou du cul de la Belgique. 
Andreas : La Belgique est un des pays les plus déprimants où je sois jamais allé. On a été à Bruxelles aussi et c'était encore plus déprimant. On dormait près de la gare. 
Anton Sp : Et y avait des gamins qui mangeaient dans les poubelles. 
Andreas : Le truc à Stockholm c'est qu'on n'a pas d'argent. On est pauvres. Et c'est dur de trouver un boulot. Et on n'a pas grand chose à faire, donc forcément, ça marche pas. Même si on habite dans un pays où il y a l'égalité des sexes et tout. Il y a quand même beaucoup de problème de chômage chez les jeunes. Mais la classe moyenne de Suède doit bien s'amuser. Mais aucun de nos amis n'a vraiment de l'argent. Pas du tout. Et je pense qu'on peut appeler ça la working class. On fait des jobs de merde et on ne gagne pas d'argent et on vit dans des apparts pourraves. Mais ouais, c'est dur. C'est dur pour nous. 

TEA : Vous pensez que vous feriez la même musique si vous n'étiez pas des jeunes en galère de thunes et qui s'ennuient comme des rats morts ? 
Andreas : Je sais pas. 
Anton Sp : Non. Je pense pas. 
Anton St : C'est une grande question. 
TEA : Parce que je vous trouve hyper sincères par rapport à ce que vous faites. Et je ne pense pas que ce serait la même chose si vous étiez des fils à Papa qui auraient reçu une super guitare pour leur anniversaire. 
Anton Sp : Ouais, c'est clair. Mais j'aimerais bien que des personnes nous achètent des instruments cools. Ce serait vraiment sympa.


TEA : Mais ça va ? Vous pouvez quand même tourner, ou alors vous perdez vachement d'argent en faisant ça ? 
Anton St : Un peu, parce qu'on ne peut pas avoir un boulot pendant qu'on est en tournée. 
Filip : Ouais, donc quand on va rentrer chez nous, on va redevenir super pauvres. 
Andreas : Pour notre dernière tournée, aux États-Unis, on a eu cent dollars chacun, en trois semaines. 
Anton Sp : Et avant on a fait une tournée en Europe et on a dû perdre genre deux mille euros. 
Andreas : Notre voiture est tombée en panne. Et on n'a pas vraiment été payés pour les concerts non plus. Donc on était coincés à Paris. Et après on a dû prendre le bus pour aller à Amsterdam jouer un concert. 
Anton Sp : La voiture s'est pétée à Nantes. 
Andreas : Tout notre argent est parti dans la réparation de cette voiture. On mangeait des kebabs deux fois par jour. Mais c'était plutôt cool. 
Filip : Y a aussi quelqu'un qui a cassé la vitre de la voiture et volé notre GPS. 

TEA : Quand je vous entends parler de Stockholm, j'ai l'impression que vous ne vous sentez vraiment pas bien chez vous. Vous pensez que vous seriez mieux ailleurs ? 
Andreas : On ne sait pas. Nous n'avons pas d'ambition. Je ne sais pas si c'est possible de vivre ailleurs. Je ne pense pas que j'aurais les couilles de partir de chez moi et vivre dans un autre pays. Même si j'aimerais faire ça, quand même. 
Anton Sp : J'aimerais bien déménager aussi. Je n'aime pas trop Stockholm. 
Andreas : Moi non plus. 
Filip : Je pense que ce serait la même galère partout. Qu'est ce que tu peux y faire ? Genre, qu'est ce que tu peux faire de plus à Londres qu'à Stockholm ? 
Anton St : Peut être avoir un appartement...
Andreas : J'aime bien Leeds, je pense que ça peut être cool. 
Filip : Ouais mais tout les gens qui viennent de là-bas détestent Leeds... Ce n'est pas Stockholm le problème. 
Anton Sp : Si, c'est Stockholm le problème. 
Filip : Non, ce n'est pas que Stockholm c'est de la merde comparé aux autres villes. 
Anton St : C'est juste ton opinion meeec !
Filip : Non, c'est le même putain de problème partout. Y a des connards partout. 
Andreas : Une des raisons qui me feraient déménager serait de trouver un nouvel appartement, et un boulot. J'ai eu des jobs déjà, mais c'est toujours dur d'en trouver un. Quand on va rentrer, le 24, on devrait vraiment chercher un taff, mais je ne sais pas comment on peut faire. 
Anton St : Je suis juste trop paresseux pour ça. 
Anton Sp : Ce serait bien plus facile d'en trouver dans un autre pays. 
Andreas : Peut être pas en Espagne ou en Grèce, mais... Si tu te pointes au pôle emploi de Stockholm et demande un petit boulot, ils vont juste te rire au nez. 
Anton Sp : Ils ne font pas ça. Ils ne te trouvent pas de travail. Ils te disent que ce n'est pas leur boulot de te trouver un boulot. 

TEA : Des journaux disent que vous vous êtes rencontrés en travaillant dans une usine, c'est pas vrai ? 
Anton Sp : Non. Je capte pas pourquoi tout le monde nous sort ça. 
Filip : Parce que c'est une histoire cool et que les gens aiment les histoires. 
Anton Sp : On n'a pas vraiment choisi de parler de cette histoire d'usine non plus. 
Andreas : Mais c'est pas grave. 

TEA : Quel est votre futur proche ? 
Anton St : Quand on rentre de cette tournée, on va commencer à faire de nouvelles chansons et enregistrer un nouvel album et essayer de le sortir au printemps. 
Andreas : Enfin on verra. On ne sait même pas combien d'argent on aura pour rentrer en studio. Mais on veut enregistrer en décembre ou en janvier. 
Anton Sp : Ça prend trois mois ensuite pour que le label puisse distribuer l'album. 

TEA : Si vous étiez une femme célèbre, qui seriez vous ? 
Anton St : Je serais Céline Dion. 
TEA : Wow. Quelle horreur. Tu as de la chance de ne pas comprendre ses paroles. 
Anton St : Non alors je serais Florence Nightingale
Andreas : C'est un mec non ? C'est pas un mec ? 
Anton Sp : Je serais Jeanne d'Arc. Détestée par les Anglais et brûlée. Elle a bien été brûlée hein ? 
Anton St : J'aimerais bien être Zinedine Zidane. Je ne connais pas une seule bonne femme... À part Céline Dion... Je serai la batteuse de Those Dancing Days. Elle s'appelle Cissi. Je la connais pas mais elle joue très très bien. Ouais, j'aimerais vraiment bien être elle. 
Andreas : Je sais pas moi. Brigitte Bardot. Je veux être une raciste. Et j'aime beaucoup les animaux. 
Filip : Marilyn Monroe. Parce qu'elle était entourée de plein de beaux mecs. Et elle a couché avec John F. Kennedy. C'est plutôt cool. 

TEA : Pour finir, vous avez des blagues de merde à me raconter ? 
Andreas : Anton a plein de blagues pourries.
Anton (tour manager) : Quelle est la différence entre un sac de cocaïne et un bébé ? Eric Clapton ne laisserait jamais tomber un sac de cocaïne par la fenêtre.
Qu'est ce qui est le plus difficile à faire, quand on apprend à faire du patin à roulettes ?
Dire à tes parents que tu es gay.